Carrière CZ
La carrière est située à proximité d’un charmant village savoyard, blotti entre les reliefs. L’entrée, bien dissimulée dans une doline, est difficilement repérable sans indications précises. C’est un endroit discret, presque invisible si l’on ne sait pas exactement où chercher. Cette carrière est une cathédrale souterraine.


Historique de l’exploitation
La carrière a été exploitée entre 1860 et 1944 pour l’extraction de pierre à chaux, principalement des calcaires pour pierre à chaux grasse (du Séquanien) et hydraulique (l’Oxfordien.) Au total, environ 80 000 m³ de roche ont été extraits pour produire du ciment et de la chaux vive, cette dernière étant obtenue en chauffant la pierre à plus de 800 °C afin de libérer le CO₂ contenu dans le calcaire .
Après la Seconde Guerre mondiale, de 1945 à 1969, la carrière a été reconvertie en champignonnière. Cependant, cette activité a cessé en raison de chutes de blocs menaçant les cultures .
Structure et dimensions
La carrière se développe sur trois niveaux superposés, formant un réseau impressionnant de galeries totalisant environ 3 753 mètres de développement . Les galeries peuvent atteindre jusqu’à 300 mètres de long, 30 mètres de large et entre 5 et 10 mètres de hauteur, avec des planchers de 2 à 3 mètres
L’exploitation a laissé place à un vaste dédale souterrain, caractérisé par des piliers tournés et de grands puits verticaux, créant des espaces évoquant des cathédrales souterraines. Le niveau inférieur est partiellement inondé, tandis que les niveaux supérieurs conservent des vestiges de l’ancienne champignonnière . Les piliers présentent parfois des formes de « diabolos », indiquant des contraintes de sol importantes.
Exploration de la carrière de – Avril 2025
L’entrée
Un jour de pluie, en avril 2025, lassé par le temps maussade et l’ambiance morose, je décide de m’enfoncer sous terre pour changer d’air. Je pars en fin de matinée et j’arrive sur place vers midi. J’entame ma progression dans la forêt, là où je suppose que se trouve l’entrée de la carrière.
Rapidement, je tombe sur une doline dans le sol, au fond duquel coule une cascade. Je pense d’abord avoir trouvé l’entrée. Je me faufile à l’intérieur et descends, tant bien que mal, jusqu’au fond de cette cavité humide et glissante. Je passe sous la cascade et entre dans ce que je crois être la carrière. Après seulement trois mètres, je me retrouve bloqué : une paroi trop haute m’empêche de poursuivre sans équipement adapté. Je ressors donc de ce piège naturel, trempé et un peu frustré.
Je tourne ensuite près d’une heure dans la forêt, les pieds dans la boue, prêt à abandonner. Au moment où je m’apprête à aller explorer ailleurs, je tombe sur une doline plus marquée, avec un panneau signalant l’interdiction d’accès aux carrières. Bingo. Je descends alors dans la doline et rejoins enfin la véritable entrée de la carrière.
L’intérieur
Dès mes premiers pas à l’intérieur, c’est la surprise : des piliers réguliers et peu espacés soutiennent une voûte relativement haute. L’ambiance est saisissante. J’avance et découvre rapidement une salle aux dimensions impressionnantes, baignée d’un silence profond, uniquement troublé par les gouttes d’eau tombant depuis les hauteurs.
J’explore l’étage intermédiaire avec émerveillement. J’observe la roche, sculptée par le temps et les eaux d’infiltration, formant au sol une fine couche calcaire aux teintes orangées. L’ambiance est chaude, presque ocre, malgré la fraîcheur ambiante.
Je découvre un escalier menant à l’étage supérieur, où se trouvent de jolies zones d’exploitation. À un endroit, le sol séparant deux niveaux s’est effondré, laissant un trou béant impressionnant. Partout, on retrouve des traces rectilignes, vestiges de l’ancienne champignonnière.
Je redescends ensuite à l’étage inférieur, partiellement inondé. En contournant les zones d’eau stagnante, je finis par tomber sur un véritable joyau souterrain : un immense trémie, d’une forme singulière, comme je n’en avais jamais vu. Il s’agit d’un entonnoir géant, entièrement pris dans une couche karstique, sculpté par les eaux et le temps.
Le développement de la carrière est assez perturbant : on peut descendre d’un côté, remonter de l’autre. Cela donne l’impression d’un labyrinthe. Les nombreuses colonnes régulières renforcent cette sensation, évoquant un palais souterrain, un dédale étrange et fascinant, presque infernal.
Bref, une belle exploration, de belles photos, et un moment suspendu entre roche, eau et silence. Une sortie marquante, où la surprise se cache à chaque détour.
















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