I Une belle découverte
En route vers le Portugal…
Lors d’un road trip pour rejoindre le Portugal, je fais une halte en Espagne. Par hasard, je remarque sur la carte la présence d’une ancienne mine de fer. Quelques recherches rapides m’apprennent qu’elle a été fermée relativement récemment, en 1966.
Poussé par la curiosité, je décide d’aller y jeter un œil, sans trop d’attente. Deux ans plus tôt, un sentier avait été aménagé pour valoriser les vestiges extérieurs, mais celui-ci est désormais recouvert de ronces, preuve qu’il n’est plus entretenu.
Après une heure trente à tourner dans les environs, je découvre plusieurs entrées murées. Puis, enfin, une ouverture avec un passage étroit. Je m’y engage. L’eau m’arrive jusqu’aux genoux. J’avance à tâtons, m’aidant de mon trépied pour sonder le sol, englouti dans vingt centimètres de boue jaunâtre. Cette boue est en réalité le dépôt d’oxydes de fer =, qui donnent une couleur allant du jaune au rouge-orangé.
Elle se forme par le lessivage du minerai de fer et la circulation d’eaux ferrugineuses dans les galeries ou zones de stockage. Lorsque l’eau s’oxyde à l’air libre, les sels de fer précipitent et colorent le sol, les flaques et même les ruisseaux. Ce qui m’a étonné est la présence d’amphibiens (grenouille et salamandre vers l’entrée) ce qui atteste d’une eau non polluée aux métaux lourds.
Mais quelle surprise : en progressant dans le travers-banc, j’aperçois une première trémie, magnifiquement conservée. Rapidement, j’atteins le fond de la galerie. Plusieurs montées d’homme laissent passer de forts courants d’air, ce qui me laisse penser qu’il pourrait y avoir une autre entrée, voire un deuxième travers-banc.
Je repère un vieux sentier qui monte dans la montagne. Après dix minutes de marche, je tombe sur une deuxième galerie. Je m’y aventure : les boisages sont effondrés près de l’entrée, il faut donc être prudent. Mais une fois cette zone franchie, le passage me semble relativement stable — ce qui devait tomber est tombé.
L’état général est plutôt bon. Plusieurs descenderies rejoignent cette galerie, mais les échelles en bois, complètement pourries, rendent l’exploration des niveaux supérieurs trop dangereux sans équipement de sécurité.
Malgré tout, de belles surprises m’attendent dans le travers banc principal : plusieurs trémies bien conservées, des restes de matériel (casques, pioches, pelles…), des caisses à outils…
Malheureusement, le temps m’était compté. Ma chère et tendre m’attendait à l’extérieur. La visite fut courte, mais pleine de découvertes agréables.
Je suis ressorti sale, mais heureux.
II Description précise
III Historique
Les mines de Silvarosa, situées près de Viveiro (province de Lugo, Galice), constituent l’un des ensembles miniers les plus importants de la côte cantabrique espagnole. Elles exploitaient principalement de la magnétite, un minerai de fer à forte teneur (jusqu’à 50 % de fer) mais riche en phosphore, ce qui limitait son usage en Espagne et orienta une grande partie de la production vers l’Allemagne et le Royaume-Uni, qui disposaient des techniques adaptées à ce type de minerai.
L’exploitation industrielle débuta à la fin du XIXᵉ siècle, autour de 1894-1895, sous l’impulsion de la société britannique The Vivero Iron Ore Co. Ltd., financée en grande partie par des capitaux allemands. À partir de 1899, la production prit de l’ampleur : un village minier fut construit avec logements ouvriers, école, hôpital et chapelle, et un spectaculaire téléphérique aérien de plusieurs kilomètres fut installé pour transporter le minerai jusqu’au cargadero de A Insua, sur la ria de Viveiro, où il était chargé sur des navires. Cette première phase, interrompue par la Première Guerre mondiale, permit d’extraire plus d’1,6 million de tonnes de minerai.
La seconde phase, entre 1919 et 1940, connut une activité plus irrégulière, gérée par divers investisseurs espagnols et britanniques, dont la famille Echevarrieta de Bilbao. La production chuta à environ un demi-million de tonnes, en raison des difficultés économiques et des fluctuations du marché.
Une troisième phase s’ouvrit dans les années 1950, avec la reprise par une société publique liée à ENSIDESA, le grand sidérurgiste espagnol. L’activité employa jusqu’à 500 ouvriers, mais resta fragile et discontinue. En 1965-1966, les mines fermèrent définitivement, victimes de la concurrence internationale, des coûts d’exploitation élevés et du déclin de la demande pour ce minerai.
Au total, les mines de Silvarosa produisirent plus de 2,5 millions de tonnes de fer. Après la fermeture, le site fut abandonné, les bâtiments tombèrent en ruine et la végétation recouvrait peu à peu les anciennes installations. Aujourd’hui, il subsiste des vestiges du village minier, de la tranchée d’extraction et du cargadero maritime. Ces restes, valorisés par des associations locales et la Communauté de Montes de Vieiro, sont intégrés dans des projets de patrimoine industriel et de tourisme culturel, qui rappellent l’importance économique et sociale que les mines eurent pour la région au XXᵉ siècle.
III Chronologie des mines de Silvarosa (Viveiro, Galice)
- 1894-1895 : Début des travaux préparatoires.
- 1899 : Lancement officiel de l’exploitation par The Vivero Iron Ore Co. Ltd. (capitaux britanniques et allemands).
- 1905-1906 : Construction du village minier (logements, école, hôpital, chapelle). Mise en service du téléphérique aérien vers le cargadero de A Insua.
- 1899-1914 : Première grande phase d’exploitation. Production ≈ 1,64 million de tonnes de minerai.
- 1914-1918 : Arrêt lié à la Première Guerre mondiale.
- 1919-1940 : Deuxième phase, avec propriétaires espagnols (famille Echevarrieta) puis britanniques (James Campbell). Production ≈ 0,52 million de tonnes.
- Années 1940 : Activité très réduite, installations à l’abandon.
- 1951 : Reprise par une société publique, filiale d’ENSIDESA.
- Années 1950-1960 : Troisième phase d’exploitation. Jusqu’à 500 ouvriers employés.
- 1965-1966 : Fermeture définitive des mines.
- Après 1966 : Abandon des installations. Progressif effacement sous la végétation.
- XXIᵉ siècle : Initiatives locales de valorisation patrimoniale (vestiges du cargadero, ruines du village minier, sentiers de visite).



